Tout ce que je déteste au cinéma
La vision d’Interstellar, le nouveau blockbuster « intelligent » de
Christopher Nolan m’a sidéré par son indigence cinématographique et par
l’accueil plus qu’enthousiaste qu’il a reçu. Bien que n’étant pas fan de Nolan,
j’avais plutôt un a priori positif en allant voir Interstellar, le
même a priori que j’avais eu l’an dernier en allant voir Gravity sur la 54éme
rue à New York. Pour tout dire j’attendais plus d’Interstellar que
de Gravity et il faut avouer que la comparaison entre les 2
films n’est pas à l’avantage de Nolan, loin de là ! Là où le film de Cuaron est
un pur film de cinéma qui croie en la magie du cinéma, le film de Nolan est un
catalogue de tout ce qu’il ne faut pas faire au cinéma !
Bien qu’auréolé d’un statut d’ « artiste » hollywoodien voire même de
nouveau Kubrick, Nolan n’a aucun sens de la mise en scène et de l’outil
cinématographique. Il n’invente rien et pompe très mal d’autres maitres (2001,
Tarkovski, etc…). Il me rappelle en cela l’autre artiste imposteur du cinéma
encensé l’an dernier, Paolo Sorrentino. Au niveau de la mise en scène,
Interstellar est indigent.
Le credo de Nolan, son originalité, c’est de faire des blockbusters «
réalistes ». L’idée en soit n’est pas inintéressante mais elle est ici traduite
par un effet de mise en scène naïf, bête et contre productif: l’image est laide
à l’aide d’un filtre grisâtre ! Un film à plusieurs centaines millions de
dollars est rendu laid visuellement pour des motifs incertains à l’aide d’un
truc à 2 balles ! En fait Nolan n’est pas un metteur en scène, il ne croit pas
au merveilleux, il ne crée pas de magie car il ne comprend pas son médium. Il
est incapable de créer, d’inventer, de magnifier ; de nous faire rêver.
Nolan n’est qu’un laborieux scénariste. Certes, ses scénarios contiennent
quelques originalités, ici aussi avec le jeu sur le temps et l’espace, mais au
moment de filmer, Nolan reste les yeux rivés sur son scénario, obnubilé par la
moindre virgule de ses écrits, oubliant qu’il doit réaliser un film de cinéma
pour le plus grand bonheur de ces spectateurs. Etrangement beaucoup ne trouvent
rien à redire face à ces gros scénarios filmés ?! Et le pire est à venir, il se
révèle aussi un désastreux directeur d’acteur sur ce film en particulier. Il ne
contrôle pas Matthew McConnaughey, génial ces 4 dernières années, et le laisse
cabotiner à un degré de ridicule rarement atteint avec un accent du Texas
surjoué jusqu’au débile. Et il trouve l’idée saugrenue de lui adjoindre le pire
cabotin de l’écran, le maitre en la matière : Casey Affleck, qui porte une barbe
! Quand les 2 sont dans la même scène, le ridicule est atteint ! On ne peut que
s’esclaffer de rire ! Certes, Anne Hataway est impeccable avec ses gros yeux et
Jessica Chastain est sublime, as usual. Et on voit bien que Nolan n’a aucune
emprise sur elle, elle fait ce qu’elle veut, elle se dirige elle même. Elle
aurait pu sauver le film d’ailleurs, car qui y a t-il de plus beau qu’une
actrice sublime dans un film? Mais Nolan préfère la remplacer par une
vieillarde sans charisme pour coller au plus prés à son scénario, à son
scénario, à son maudit scénario !
Pendant ce temps là nous voyons des acteurs fades lire leur texte dans des
contre champs et une laideur de photographie digne d’un épisode de Derrick.
Nous voyons le pire robot de l’histoire du cinéma : un truc ridicule,
infilmable et comme tous les autres personnages du film, d’un sérieux
consternant ! Car il faut dire combien toute cette histoire et ces personnages
sont sérieux, sérieux… C’est une vraie purge. Point de magie chez Nolan, que du
sérieux !
Quand au pur film de SF, il n’y a pas grand chose à part 2 ou 3 scènes à la
fin après plus de 2 heures de film. Avant ça nous avons une caméra embarquée
sur le capot d’un vaisseau… Vous avez bien lu, ce vieil effet des années 60, 70
(sur les voitures) est l’effet de mise en scène le plus fou inventé par Nolan
en 2014. Tous les autres effets SF sont pompés sur 2001 en dix fois moins
réussis. 2001 l’odyssée de l’espace, un film réalisé il y a 46 ans ! Nolan,
j’aimerais te dire que le cinéma c’est tout le contraire : c’est de la magie,
de la mise en scène, de la créativité, des acteurs charismatiques et des
actrices sublimes, du plaisir quoi ! Toi, tu as rendu Michael Caine ennuyeux,
inintéressant et soporifique, quel exploit !